Luxe & décarbonation du transport : les bonnes pratiques pour un calcul des émissions GES fiable et actionnable.  13 min

Vague

L’industrie du Luxe se porte bien et les choses semblent faites pour durer.

Selon le cabinet Bain & Company et son étude Global Luxury Goods Market publiée en 2022, le marché mondial des produits de luxe a fait un bond en avant en 2022, affichant une progression de 13% à taux de change constant par rapport à 2021. Une croissance qui a profité à 95% des marques de luxe.

Une croissance définitivement tirée par une demande forte venant du continent asiatique et un e-commerce toujours plus répandu, qui devrait représenter d’ici 2025 jusqu’à 30 % du total des achats de produits de luxe.

Évidemment, tout cela n’est pas neutre en termes écologiques. L’industrie du Luxe fait d’ailleurs l’objet d’attentes et d’exigences croissantes au regard de son empreinte environnementale. La décarbonation s’affiche désormais comme un enjeu clé pour les Groupes et entreprises du secteur. De la conception du produit à sa remise entre les mains du client, on peut même dire que les acteurs de l’industrie du Luxe sont précurseurs en la matière et communiquent régulièrement autour des nombreuses initiatives qui sont mises en œuvre par les différents Groupes. D’abord centrées sur l’écoconception des produits, on en remarque d’ailleurs de plus en plus orientées sur le transport de marchandises, qui se hisse progressivement (enfin !), au cœur de leurs stratégies de décarbonation.

L’impact du transport de fret sur l’environnement est loin d’être léger. On estime qu’il représente plus de 10% des émissions mondiales de GES. Pire, à rebours de l’objectif formulé par l’ADEME, qui vise la neutralité carbone du transport de marchandises d’ici à l’année 2050, la trajectoire est en hausse. Le scénario business as usual du Forum international des transports prévoit une augmentation de 22 % des émissions au même horizon si rien ne change.

Quand on connaît les perspectives de croissance du Luxe et qu’on sait que la grande majorité de ses flux reposent sur le fret aérien (particulièrement adapté aux exigences de sécurité et de rapidité propre au secteur), mode de transport le plus émetteur, on comprend pourquoi le verdissement de cette activité concentre de plus en plus l’attention des entreprises du secteur. Sans conteste, le transport représente à chaque fois une large part des émissions générées par ces entreprises.

Sur ce point, autant être clair, le recours au report modal, vers le maritime ou encore le ferroviaire lorsque c’est envisageable, apparaît (avec la relocalisation), comme la seule solution réellement impactante pour vraiment décarboner le secteur.

La décarbonation du transport fait donc désormais figure de passage presque obligé pour les acteurs du Luxe. Comme le disait François-Henri Pinault, PDG du Groupe Kering, « le développement durable est une rupture fondamentale qui va rebattre toutes les cartes. Il y a aujourd’hui des entreprises qui vont dominer dans le futur simplement parce qu’elles ont compris cela ».

Dans leurs efforts pour appréhender au mieux cette rupture, les équipes transport des Groupes et Maisons doivent agir de façon consciencieuse et méthodique pour construire et conduire des feuilles de route cohérentes et ambitieuses. Forcément, cela commence par une vision représentative de la situation de départ.

Pour savoir où aller et être sûr d’y arriver sain et sauf, il faut savoir précisément d’où l’on part.

En matière de décarbonation du transport de marchandises, rien n’est possible sans un calcul fiable et représentatif des émissions de GES générées par chaque expédition. Et ce, quel que soit le type d’expédition, le mode de transport, l’énergie utilisée ou la destination sur la planète… Un calcul dont la pertinence repose en majeure partie sur la qualité des données qu’il intègre.

L’essentiel donc, c’est de s’assurer d’être en capacité d’assurer un pilotage efficient et performant de la démarche sur le long terme. Cela passe par la nécessité :

  1. D’établir un état de référence de qualité, fiable, pour construire un plan d’actions efficace sur des bases solides ;
  2. De piloter et d’analyser l’efficacité de son plan d’actions et les éventuelles dérives qui l’affectent, pour mettre en place des actions correctives. 

Il est donc capital de pouvoir disposer d’un état des lieux clair du niveau d’émissions généré par chaque Maison sur une période donnée. C’est ce qui permettra de dresser un premier constat sur les postes d’émissions qui représentent la plus grosse quote-part au sein du bilan carbone et, ainsi, de construire une feuille de route réaliste, réellement représentative de l’activité transport d’un Groupe.

Maîtriser un calcul fiable des émissions de GES : un pilier incontournable.

Au-delà de la pertinence globale de la démarche et de manière non exhaustive, les bénéfices concrets d’un calcul fiable se matérialisent de multiples façons.

Capitaliser sur des enseignements fiables et intelligibles, c’est pouvoir partager une vision commune avec toutes les Maisons qui constituent un Groupe et constater clairement les implications de chaque organisation dans l’évolution des émissions.

C’est aussi être en mesure de mettre en perspective toutes les organisations pour identifier les synergies entre les Maisons et pouvoir par exemple mettre en place une démarche de mutualisation des flux, ou pour repérer les contraintes similaires au sein d’un même groupe (délai de livraison, valeur des biens transportés, importance du packaging et de l’expérience client…).

C’est encore se doter de données tangibles et irréfutables lors des phases de négociation ou pour assurer une mise sous contrôle stricte des prestataires de transport et pour les aider à progresser en capitalisant sur des informations fiables sur leur activité.

C’est enfin avoir la certitude de pouvoir se baser sur des éléments concrets et pertinents pour alimenter la communication transparente attendue sur ces sujets par l’ensemble des publics extérieurs tels que les clients, organisations, associations ou organismes de certification.

Et à ce niveau, autant dire que transparence et véracité sont de mise. Au risque, sinon, de subir un médiatique retour de bâton. La chose à éviter, c’est bien de tomber dans le greenwashing. Dans son Greenwashing Research Report publié en janvier 2023, le cabinet Sensu pointe que 89 % du public déclare se soucier de la position environnementale des entreprises et des marques. 86 % souhaitent d’ailleurs une augmentation du niveau de transparence sur les questions environnementales. 

La donnée transport, clé de la fiabilité.

Tout cela, nous l’avons dit, est avant tout une affaire de données. Et sur ce plan, les professionnels du transport le savent, le secteur du transport de marchandises est encore loin d’être mature. La réputation de « boîte noire » est malheureusement toujours d’actualité. Même si les choses commencent à bouger.

Il faut dire que la tâche n’est pas aisée. Pour pouvoir capitaliser sur un calcul réel et fiable des émissions de GES générées par leur activité transport, les équipes en charge doivent collecter, traiter, normaliser et centraliser un large volume de données qui sont fragmentées en de multiples sources et par nature hétérogènes, propres à chaque transporteur, localité ou entrepôt.

Et c’est sans parler de la spécificité du secteur du Luxe, avec ses grands groupes aux ramifications planétaires, scindés en Maisons qui ont chacune leurs propres manières d’appréhender la donnée transport, basé sur leurs propres outils et leurs propres méthodes…

Un véritable melting pot de méthodologies disparates aux niveaux de maturité inégales, développées en interne et supportées par des outils le plus souvent inadaptés (non, Excel n’est définitivement plus à placer parmi les outils de pilotage du transport !).

Le problème, c’est que lorsqu’un Groupe s’engage au travers d’une feuille de route ambitieuse, jalonnée d’objectifs concrets et chiffrés, cela implique de facto la nécessité d’une démarche cadrée et d’un élan massif qui doit être embrassé par l’ensemble de ses Maisons, qui doivent parvenir à s’aligner et à agir conjointement.

Alors comment s’y prendre ?

Si l’on tente de présenter les choses de façon simple, cette démarche commune doit essentiellement reposer sur 2 piliers fondamentaux :

  • D’un côté, une méthodologie de calcul fiable, représentative de l’activité transport réelle de tout le groupe ;
  • De l’autre, des outils avancés qui sauront prendre en charge ce calcul dans toutes ses spécificités et ainsi restituer les résultats significatifs et actionnables qui sont indispensables pour construire et communiquer autour d’une feuille de route viable, crédible et réaliste.

La bonne méthodologie : universalité, comparabilité et fiabilité.

Pour mettre en place un juste calcul et un suivi de qualité, les entreprises ont donc un besoin crucial d’informations. Une collecte qui nécessite une collaboration suivie avec les prestataires de transport qui doivent être en mesure de mettre en place la remontée d’une donnée fiable et exploitable, facilitée, nous y viendrons, par des systèmes d’information et des outils performants.

Pour garantir la comparabilité des résultats, la mesure doit utiliser les données brutes d’activité et intégrer les émissions « du puits à la roue » (depuis la production de l’énergie jusqu’à sa consommation finale.). C’est ce qui va permettre par la suite de systématiser un calcul strict et fin et de mettre en perspective l’impact GES réel de véhicules ou modes de transport alimentés par des énergies différentes. 

Les émissions de GES dépendent du type et du volume d’énergie consommés. L’estimation du volume d’énergie nécessite la prise en compte de variables qui dépendent toutes du schéma de transport utilisé lors de chaque expédition : 

  • Le mode de transport et le type de véhicule et de motorisation utilisés ; 
  • La distance totale parcourue par l’expédition ; 
  • La part de la distance parcourue en charge et à vide ; 
  • Le taux de remplissage du ou des véhicules utilisés tout au long de l’expédition. 

La modélisation avancée et exhaustive de toutes ces données va permettre la restitution d’une mesure réellement représentative des émissions de GES liée à chaque segment de chaque opération de transport réalisée au niveau du Groupe entier.

Pour illustrer le propos, on peut utiliser l’exemple d’une situation typique de l’industrie du Luxe, avec en jeu, un transport effectué par avion. En matière de données, ce sont dans les factures que l’on va venir recueillir les éléments clés qui permettront de modéliser le plus précisément possible chaque schéma de transport :

  • Quel est le numéro de vol ?
  • Quels sont les aéroports d’origine et de destination ?
  • Le vol est-il direct ou nécessite-t-il une étape de transit ? (L’impact d’une escale est important car c’est au décollage et à l’atterrissage d’un avion que les émissions générées sont au plus haut.).

Ajoutons aussi qu’il ne faut évidemment pas faire l’impasse sur les étapes de pré et post-acheminement des marchandises, qui doivent là encore être modélisées selon la même logique.

La méthode est éprouvée, mais son succès reste indissociable d’une certaine maturité en termes de digitalisation. Rien ne sera possible sans les outils adaptés, ceux qui sauront à la fois assurer un calcul conforme et fiable, et autoriser un réel pilotage de la décarbonation du transport.

Renseigner et piloter la décarbonation à l’aide des bons outils.  

De manière très pragmatique, voici ce qu’on pourrait considérer comme une check-list des caractéristiques que doit réunir un outil avancé adapté pour le calcul et le pilotage des émissions :

☑️ Il peut consolider les flux détaillés pour toutes les activités, tous les modes… 
☑️ Il automatise la collecte, la normalisation et l’homogénéisation des données. 
☑️ Il peut gérer leur complétion et leur enrichissement. 
☑️ Il peut intégrer des schémas de transport pour chaque expédition (transporteur, segments, véhicules, énergies, incoterm…). 
☑️ Il peut intégrer le calcul des distances réelles parcourues. 
☑️ Il prend en compte les différents facteurs d’émissions pour effectuer le calcul.
☑️ Il restitue le modèle de calcul et donne accès au détail des données, qui peuvent être facilement partagées avec l’ensemble des parties prenantes. 
☑️ Il est interopérable, en entrée comme en alimentation d’autres outils.

En termes de choix d’outil, on peut dire que la meilleure pratique est de s’inscrire en conformité avec des référentiels sérieux et cadrés tels que le GLEC Framework, qui tient d’ailleurs à jour une liste d’outils certifiés, ou la norme ICO 14083.

Pour terminer, au-delà du calcul fiable, il ne faut pas oublier que la digitalisation pertinente est aussi un des points clé de cohésion interne autour de ces projets ambitieux de décarbonation : en permettant aux équipes de dépasser la complexité liée aux données et à leur mise en perspective, les outils avancés sont des piliers essentiels pour faciliter la collaboration entre les différents services concernés, le partage de l’information… Sans parler du gain de temps conséquent qu’elles peuvent consacrer à agir concrètement pour la décarbonation, la construction de feuilles de route pertinentes et le déploiement des bons leviers.

Au final, les bonnes pratiques pour le calcul des émissions de GES peuvent donc se résumer en deux points clés et indissociables :

  • Une méthodologie de calcul sérieuse, documentée, et exhaustive, qui pourra être généralisée à l’ensemble des entités qui composent un Groupe ;
  • Les outils avancés qui permettront de matérialiser concrètement cette démarche commune et qui aideront les équipes de chaque Maison à mesurer et suivre leurs émissions GES et à avancer d’un même élan vers une transformation réelle aux résultats démontrés.
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