Calcul de l’empreinte carbone du transport : comment s’y prendre ?7 min

Vague

Aujourd’hui, le calcul des émissions de carbone liées au transport s’inscrit au rang des incontournables pour les entreprises donneuses d’ordres. Et en la matière, fiabilité et transparence sont de mise.

Qu’il s’agisse du pilotage de stratégies de décarbonation, d’un suivi imposé par une réglementation de plus en plus contraignante, ou encore de démarches de communication vis-à-vis de clients, partenaires ou consommateurs, elles doivent aujourd’hui pouvoir compter sur une mesure réellement représentative de leur activité transport.

Mais comment peuvent-elles s’en assurer ? La diversité des méthodes et la complexité liée à la donnée transport rend l’exercice ardu.

Enjeux, méthodes, outils, et passage en revue des facteurs clés de réussite, par Florence Mazaud, Sustainable Solution Manager chez Sightness.

L’importance de mesurer les émissions de GES du transport.

L’urgence climatique est bien sûr la première raison pour laquelle le calcul des émissions GES est primordial. En ce qui concerne les grandes entreprises, cette démarche est loin d’être facultative et d’autant plus depuis l’introduction de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Cette nouvelle initiative de la Commission européenne, plus rigoureuse en termes de calculs et d’audits, sera également appliquée graduellement aux entreprises de moindre envergure.

Au-delà des obligations légales, l’évaluation des émissions de GES répond également à une attente croissante de la part des clients, qui sollicitent régulièrement cette information. Les investisseurs, soucieux de la conformité des entreprises aux normes légales, accordent également une attention accrue aux pratiques des entreprises en matière d’émissions de GES. Cette tendance reflète l’intérêt grandissant des autorités publiques pour cette question.

Selon Florence Mazaud, « la question des émissions de GES devient de plus en plus prégnante dans les discussions entre chargeurs et prestataires ». En effet, le processus de calcul et de suivi des émissions agit comme un catalyseur pour un partage d’informations plus transparent et plus précis sur les opérations. Ce partage amélioré entre les chargeurs et les prestataires permet à chaque partie de mieux comprendre les enjeux et contraintes de l’autre et permet ainsi une progression plus efficace et rapide vers les objectifs de durabilité.

Vers une harmonisation des méthodes de calcul des émissions de carbone : le framework GLEC.

Jusqu’à très récemment, il n’existait pas de méthodologie mondialement partagée pour le calcul des émissions de carbone. L’introduction du GLEC Framework 2.0 (la première version date de 2016) par l’association Smart Freight Center marque une avancée significative qui établit des principes clairs pour le calcul des GES dans le secteur du transport.

Ce cadre s’est inspiré de méthodologies existantes. Notamment le bilan carbone, mais aussi beaucoup de travaux menés en France et à l’international sur le sujet du calcul des émissions de GES.

En mars 2023, la publication de la norme internationale ISO 14083 s’appuie sur les travaux du GLEC et devient le premier cadre mondialement reconnu pour mesurer l’empreinte carbone. Cela étant dit, plusieurs méthodologies cohabitent dans ce cadre de la norme ISO 14083 : « on peut calculer les émissions en se basant sur la consommation réelle des véhicules, mais tout aussi bien calculer les émissions en tonne-kilomètre. Selon la méthodologie utilisée, les écarts peuvent être importants entre les hypothèses induites par le calcul en tonne-kilomètre et les données récoltées en consommation réelle », précise Florence.

Le problème de l’accès à la donnée.

Alors, faut il privilégier un calcul basé sur la consommation réelle des véhicules, ou sur les émissions en tonne-kilomètre ? Le choix de l’une ou l’autre méthodologie dépend principalement de l’accès aux données, un prérequis indispensable pour les calculs de consommation réelle.

Des données compliquées à obtenir, aussi bien du côté des chargeurs que des entreprises de transport, encore plus celles qui sous-traitent. Dans ce cas, c’est souvent la méthodologie tonne-kilomètre qui est privilégiée par défaut.

En revanche, « l’estimation du volume d’énergie consommée par ordre de transport est la méthodologie préconisée par Sightness, » indique Florence. Cette méthode permet de se rapprocher étroitement de la réalité opérationnelle, sans exiger l’accès à des données précises sur la consommation réelle d’énergie. Elle permet également d’éviter les généralisations couramment liées au calcul en tonnes-kilomètres, telles que les moyennes de consommation par type de véhicule ou les taux de remplissage. Des moyennes qui ne correspondent pas toujours aux pratiques spécifiques de chaque organisation de transport.

Pouvoir compter sur les bonnes données… mais aussi sur les bons outils.

Les spécificités du calcul de l’empreinte carbone du transport

Comme nous l’avons vu plus haut, la méthodologie préconisée par Sigthness est une estimation du volume d’énergie consommée par ordre de transport. « Comme les données de consommation réelle sont indisponibles dans la plupart des cas, que ce soit au niveau des chargeurs comme des prestataires, on privilégie cette méthode d’estimation. L’avantage c’est que pour chaque expédition, on peut préciser les valeurs de facteurs qui vont impacter le volume d’énergie consommé. On définit le type de véhicule, de carburant, le taux de remplissage, la distance parcourue, avec chargement ou à vide… », explique Florence.

Sightness a établi des valeurs par défaut pour ces facteurs, basées sur des modèles d’exploitation typiques, tout en offrant la possibilité d’intégrer des données réelles pour affiner l’estimation. Cette méthode « bottom up », bien que non exclusive à Sightness, se distingue par l’intégration d’un calculateur spécifique qui prend en compte les réseaux de transport.

« Notre modélisation des réseaux de transport est une innovation sur le marché. Cette méthode permet à un chargeur de calculer l’empreinte carbone du transport en spécifiant l’origine, la destination et le poids du colis, même si celui-ci passe par un réseau complexe », ajoute Florence. Pour les expéditions maritimes ou aériennes, Sightness s’appuie sur les standards d’EcoTransit, qui partage une méthodologie similaire et garantit ainsi la cohérence et la précision des estimations.

L’importance de la visualisation des données

Disposer des données les plus précises possibles et savoir comment les exploiter reste le cœur du défi pour les professionnels. La capacité à visualiser ces informations à travers un tableau de bord agrémenté des bons graphiques représente un atout majeur pour l’utilisation du calcul des émissions de GES.

« Le tableau de bord est ainsi une force de l’outil Sightness : des données correctes mises en lumière par des visuels pertinents, » ajoute Florence. Loin de se contenter d’une expertise concernant le transport et le calculateur, le tableau de bord Sightness est également conçu pour être agréable à utiliser et efficace. Un prérequis bienvenu afin de servir sa fonction première qui reste d’exploiter ces données afin d’avancer vers une économie plus verte.

La mesure des émissions de GES liées au transport est une démarche complexe, mais essentielle pour répondre aux défis climatiques actuels. L’émergence de normes internationales et l’effort d’uniformisation apportent une nouvelle lumière sur ce sujet et facilitent ainsi le choix de la méthodologie la plus adéquate. Du calcul fiable au pilotage concret de la stratégie de décarbonation, les solutions avancées telles que celle proposée par Sightness apparaissent aujourd’hui comme des basiques indispensables.