CSRD : tout savoir sur la nouvelle directive et son impact sur le transport de marchandises.6 min

Vague

La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), initiative majeure de la Commission européenne, représente un tournant dans la manière dont les entreprises communiquent sur leur impact environnemental et social. Son objectif est double : responsabiliser les entreprises sur les enjeux de développement durable et offrir une transparence accrue à leurs clients et investisseurs. Bien que la CSRD touche tous les secteurs, cet article se concentre sur son impact spécifique dans le domaine du transport de marchandises et explore les défis et les stratégies pour une adoption réussie.

Qu’est-ce que la CSRD ?

La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) est la nouvelle directive qui encadre les rapports extra financiers des entreprises. Celle-ci remplace progressivement l’ancienne directive européenne NFRD (Non Financial Reporting Directive) qui était supervisée en France par la DPEF (Déclaration annuelle de Performance Extra-Financière).

La directive CSRD vise principalement l’harmonisation du reporting extra-financier de toutes les entreprises européennes. En plus d’apporter de nouvelles normes et obligations, la CSRD de 2024 évoluera chaque année et concernera de plus en plus d’entreprises. Pour l’instant s’appliquant uniquement aux entreprises de 500 employés et plus (et déclarant plus de 40 millions d’euros de chiffres d’affaires ou plus de 20 millions d’euros de bilan), la CSRD est une directive qui s’étendra progressivement à plus de 50 000 sociétés.

CSRD : ça commence quand ?

Pour les grandes entreprises, déjà soumises à la directive sur la publication d’informations non financières depuis 2018, la première année fiscale de référence de la CSRD sera 2024 et le premier reporting extra-financier attendu pour 2025. Comme mentionné plus haut, l’application de la CSRD s’étendra à plus d’entreprises au fil du temps :

  • À partir du 1er janvier 2025, les entreprises qui répondent à au moins deux des critères suivants seront concernées par la CSRD : plus de 250 salariés, plus de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires ou plus de 20 millions d’euros de total de bilan. Leur premier reporting CSRD concerna l’année fiscale 2025, à soumettre en 2026.
  • À compter du 1er janvier 2026, les PME cotées en bourse, sauf les microentreprises (moins de 10 salariés, bilan inférieur à 350 000 € ou chiffre d’affaires net inférieur à 700 000 €), devront se conformer à la CSRD. Leur premier rapport sera pour l’année fiscale 2026, à présenter en 2027.

Cette planification progressive permettra aux entreprises de différentes tailles et secteurs de se préparer et de s’adapter aux exigences de la CSRD et renforcera ainsi leur transparence et responsabilité en matière de développement durable.

Quelles implications pour le transport ?

La mise en application de la CSRD implique des changements significatifs pour le secteur du transport de marchandises, un acteur clé des enjeux environnementaux et sociaux.

Le transport de marchandises se trouve en effet à un point de convergence critique entre la nécessité d’une efficacité économique et l’impératif de durabilité. Les entreprises du secteur doivent donc naviguer dans un paysage en rapide évolution. Les attentes en matière de développement durable deviennent aussi importantes que les performances financières.

Tout bien considéré, les entreprises de transport qui adoptent des pratiques écoresponsables ont un rôle crucial à jouer. Il ne s’agit pas seulement de se conformer aux nouvelles réglementations, mais également de prendre un rôle de premier plan dans la transition vers une économie plus verte.

Comment les chargeurs peuvent-ils se préparer ?

La transition vers le respect des exigences de la CSRD implique un changement profond dans la façon dont les chargeurs conduisent leur activité transport. Ces entreprises doivent adopter une stratégie proactive et structurée pour s’aligner avec les normes de la CSRD. Une préparation peut s’articuler autour de plusieurs axes clés :

  1. Audit interne : les entreprises doivent commencer par évaluer leur impact actuel en matière de développement durable. Cela implique un audit interne des émissions de carbone, des pratiques de travail et de la chaîne d’approvisionnement notamment. Certaines entreprises conçoivent leur propre outil ou utilisent le GHG Protocol (un standard international pour mesurer et gérer les émissions de gaz à effet de serre).
  1. Stratégie ESG : intégrer une stratégie ESG (les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) robuste sera crucial. Cette démarche englobe l’adoption de technologies plus propres, la mise en œuvre de pratiques de travail équitables et la garantie d’une gouvernance transparente.
  1. Innovation et technologie : le secteur du transport doit également se tourner vers des solutions innovantes pour améliorer sa durabilité. Par exemple, l’investissement dans des véhicules électriques ou à hydrogène, l’utilisation de carburants alternatifs ou bien encore l’adoption de technologies intelligentes pour l’optimisation des itinéraires.
  1. Formation et sensibilisation des équipes de travail : éduquer et former le personnel à l’importance du développement durable et à leur rôle dans la mise en œuvre des pratiques ESG.
  1. Collaboration sectorielle : en partageant les meilleures pratiques ou en développant des normes sectorielles communes, les entreprises peuvent amplifier leur impact et contribuer à un changement positif plus large dans l’industrie du transport. 

A l’heure de la CSRD, Sightness tire un état des lieux dans les grandes entreprises.

L’étude publiée par Sightness offre un aperçu des pratiques actuelles et des opportunités d’amélioration dans le secteur du transport de marchandises. En examinant de près les documents d’enregistrement universels de 23 entreprises du CAC 40, publiés en 2022, l’étude révèle comment celles-ci abordent la décarbonation et met en lumière des stratégies efficaces pour atteindre les objectifs de durabilité.

Les études de cas et les recommandations issues de cette analyse fournissent également une feuille de route pour les entreprises qui souhaitent renforcer leur engagement RSE et aligner leurs opérations avec les exigences du reporting extra-financier de la CSRD.

La CSRD est une étape décisive vers une responsabilité accrue des entreprises de tous les secteurs en matière de développement durable. Son impact pour le transport de marchandises est loin d’être négligeable. Toutefois, cette directive offre une opportunité unique d’adopter des pratiques plus durables et éthiques. En se conformant aux exigences de la CSRD, les entreprises du transport prennent activement part à la construction d’une économie plus verte et responsable. La directive CSRD est ainsi à la fois un défi et une chance inestimable pour toutes les entreprises de transport. Une opportunité de devenir les pionnières d’un avenir durable et de démontrer que performance économique et responsabilité environnementale peuvent aller de pair.